Chaque année, le jour du dépassement signifie la date à compter de laquelle nous, humains, commençons à consommer davantage de ressources que la Terre ne peut nous en fournir. L'humanité aura épuisé toutes les ressources renouvelables que la planète est capable de produire en une période définie. En 2022, ce jour correspond au 28 juillet contre le 29 juillet en 2021. A quoi correspond cette date fatidique établie par une ONG de défense de l'environnement ? Quels sont les enjeux au niveau des parties prenantes ? Quels changements peuvent apporter les entreprises ?

La planète va vivre exactement 156 jours à crédit en entamant le capital naturel des années à venir ou en étant dans le rouge par rapport aux ressources épuisées : sur les 365 jours calendaires 2022, il aura suffi de 208 jours pour que l'humanité dépense la totalité des ressources naturelles disponibles que la planète est capable de générer.

Qu’est-ce que le jour du dépassement ?

Définition et enjeux du jour de l’épuisement des ressources de la terre

Le jour du dépassement est un indicateur phare permettant de mesurer l’impact de l’activité humaine sur le stock de ressources terrestres disponible et dans les prochains mois. Le jour du dépassement de la Terre est calculé en tenant compte des indicateurs de 200 pays : l’empreinte écologique et la biocapacité des ressources. Cette méthode de l’ONG Global Footprint Network permet d’exprimer les problématiques écologiques et environnementales combinées auxquelles l’humanité est confrontée. Plus précisément, le jour du dépassement sert à démontrer l’impact de l’activité humaine mondiale dépassant à l’échelle d’une année les capacités de régénération des ressources naturelles de la Terre par les écosystèmes. Mais aussi faire prendre conscience aux sociétés de ce danger pour agir à temps ! 

Le calcul du jour du dépassement ou de l’épuisement des ressources est une mesure comparative entre

  • d’une part la demande en ressources de chaque individu, des acteurs et parties prenantes (communautés, entreprises)
  • d’autre part la capacité de la Terre à se régénérer biologiquement.

Ces informations sont relevées des comptes nationaux de chaque pays en matière d’empreinte écologique par l'ONG californienne Global Footprint Network pour déterminer cette date.

Comment expliquer l’épuisement des ressources au jour du dépassement ?

Dans la pratique, cette surconsommation des ressources signifie par exemple que l’homme a coupé plus d’arbres qu’il n’en pousse en 1 année, ou qu’il consomme à outrance les ressources halieutiques, la faune ou la flore (biodiversité).

Un autre exemple accélérant l’épuisement des ressources naturelles est la déforestation, soit annuellement 27 000 espèces végétales et animales disparaissent à cause de ce fléau. La déforestation de l’Amazonie en 2021 avait empêché de repousser la date du jour de dépassement à cause de la libération du carbone stocké dans les forêts et la difficile capture des émissions de gaz à effet de serre. Détruire les forêts et la biodiversité qu’elles recèlent conduisent inéluctablement à diminuer la biocapacité forestière mondiale.

L’épuisement des ressources du fait de la déforestation, de la surconsommation humaine concerne également l'extinction des espèces mais aussi la perte de minerais, des combustibles fossiles et des matières premières. Enfin, l’épuisement des ressources s’explique par l'utilisation de surfaces pour l'agriculture, au détriment de la biodiversité naturelle. Les réserves de la planète ne sont pas illimitées. L’humanité doit consommer moins pour laisser le temps au cycle de l'eau de se renouveler ainsi qu’aux sols, aux animaux et aux plantes de se regénérer. Pourquoi le jour du dépassement a évolué au cours du temps mais aussi selon les pays ?

Pourquoi le jour du dépassement de la terre est de plus en plus tôt ?

Evolution du jour du dépassement : du 11 octobre en 1990 au 22 août en 2020

En 20 années, le jour du dépassement sur notre planète a avancé de près de 3 mois : chaque année cette date tombe toujours plus tôt. Comment l’expliquer ?

Depuis les années 1970, le jour du dépassement avance irrémédiablement comme le montre le graphe ci-dessous :

En 2020, on constate un recul de ce jour de trois semaines, cette date a été respectivement calculée pour le 29 juillet 2019 et le 28 juillet 2022. Ce recul a été rendu possible par la crise sanitaire mondiale. La pandémie de la Covid-19 a inexorablement permis de réduire l’impact écologique de l’activité des hommes, soit une baisse de 14% de l’empreinte carbone de l’humanité (principalement des émissions de gaz à effet de serre, gaz industriels, ozone, méthane ou CO2 comptabilisant 60 % dans cette empreinte écologique). L’autre facteur principal responsable de l’avancement de la date du dépassement est la biocapacité (forestière). Entre 2020 et 2021, ces deux facteurs ont évolué à l’échelle mondiale, soit une hausse de 6,6 % et une diminution de 0,5 %.

Que veulent dire empreinte carbone écologique et régénération de la biocapacité ?

L’empreinte écologique évalue la demande humaine sur les écosystèmes : c’est un facteur de poids sur la balance climatique, c’est la quantité de gaz carbonique que chaque individu émet. C’est un indicateur influencé par le choix et le mode de vie de chacun (moyen de transport, dépense énergétique du bâtiment, gaspillage des ressources renouvelables dont principalement consommation alimentaire et eau). Cet indice mesure la quantité de surface terrestre et marine bio productives nécessaire pour produire les biens et services que le monde consomme (individu, population. L’empreinte carbone se base également sur la quantité de terre et d’océan pour absorber les déchets produits, sans oublier les ressources requises pour une activité économique, l’installation de l’ensemble de ses infrastructures et l’absorption de ses déchets compte tenu des technologies disponibles et des pratiques de gestion des ressources des parties prenantes.

La biocapacité (forestière) signifie la capacité des ressources à se régénérer, par les écosystèmes, en tenant compte de la consommation par l’homme et pour ses autres besoins. Ce second indice souligne la capacité régénérative de la biosphère, qui est calculée en additionnant toutes les capacités des zones biologiquement productives. Il s’agit de la somme par hectare des forêts, des prairies, des champs et les zones de pêches d’une région.

Le déficit écologique indique une valeur de l’Empreinte Écologique supérieure à la biocapacité du territoire d’une population. A l’échelle mondiale, on emploie donc le terme dépassement écologique. Ce déficit est compensé par l’utilisation de biocapacité située hors du territoire (importations). Soit par une sur-utilisation locale (dégradation du capital naturel).

En 2022, il faudrait 1,8 planète pour assurer tous les besoins de consommation actuelle de la population mondiale et d’absorption de ressources pour une année :  d’ici l’horizon 2030, il faudrait les ressources de deux planètes.

Actuellement, nous utilisons 78 % de plus que ce que les écosystèmes de la planète peuvent régénérer, en 2030 86 %.

L’environnement se dégrade et entraîne avec lui le déclin fatal des écosystèmes. Dans une démarche responsable, il faut que tous les acteurs se mobilisent, les populations et les communautés locales, mais également les associations, les entreprises, etc. Un seul mot d’ordre : demander moins à la planète ! Et tenir compte de la capacité limitée des écosystèmes à renouveler la biomasse.

Bons gestes et actions pour sauver la planète

Inégalité de déficit écologique entre les pays

Les conséquences négatives du jour du dépassement mettent en péril l'équilibre même de notre civilisation. Saisir les enjeux du jour du dépassement de l’institut californien GFN permet de sensibiliser et d’appliquer une politique responsable sur le fait de conserver nos ressources pour comprendre l’impact de l’humanité sur l’environnement et sur l’avenir des générations.

Repousser la Journée de dépassement de la Terre est possible, par exemple en divisant par deux les émissions de carbone pour in fine gagner 89 jours (soit trois mois). Pour atteindre l’équilibre entre empreinte écologique et biocapacité (c’est-à-dire compter sur nos ressources jusqu’au 31 décembre sans être dans le rouge), il faut théoriquement dès maintenant et à chaque année repousser de 5 jours la date du Jour du dépassement écologique jusqu’en 2050.

Or, tous les habitants n’ont pas le même mode de vie et l’impact de chaque pays est largement différent. La responsabilité de chaque nation n’est pas égale dans l’avancée du jour du dépassement. Si d’autres pays explosent le compteur, les autres affichent des moyennes de dépassement écologique des années 1970 à 1980.

Les acteurs face à la protection de l’environnement et de la biodiversité

Le modèle économique prédateur de ressources a conduit à la situation actuelle : en effet, le modèle des entreprises et autres acteurs tient peu en compte les impacts des activités sur les ressources naturelles et le devenir de la population. Pour faire reculer cette date, les parties prenantes au changement doivent pouvoir limiter les émissions de CO2 et mieux protéger les forêts. Cette situation d’urgence mondiale faisant partie intégrante des 17 ODD de l’ONU de septembre 2015.

Présentation des actions pour reculer la date du dépassement et les 17 ODD de l’ONU

L’objectif de reculer la date de l’épuisement des ressources peut bien évidemment être synchronisé avec l’atteinte des ODD des Nations Unies d'ici à 2030. Les acteurs œuvrant activement en faveur du développement durable participent à ce double objectif (y compris avec la dynamique RSE qui s'adresse exclusivement aux entreprises et aux organisations).

Ainsi, en optimisant la consommation ou l’utilisation des ressources, les organisations peuvent contribuer à éliminer la pauvreté et éradiquer la faim, tout en garantissant l'accès à une énergie propre à un coût abordable. De même, cette gestion responsable des ressources et des écosystèmes donne accès à une eau propre et à des installations d’assainissement de l’eau à la population locale.

Cette bonne gestion des ressources conduit à une politique entrepreneuriale de production et de consommation responsables dans le respect de la vie terrestre et de la vie aquatique.

La combinaison des ODD 9 et 13 aux actions pour reculer le jour du dépassement écologique doit permettre de répondre au défi de durabilité de la planète.

Les pays développés du Nord ainsi que les pays producteurs et exportateurs de pétrole enregistrent un impact considérable sur l’épuisement des ressources non renouvelables. Ces pays occupent la queue de classement avec des dates de dépassement beaucoup plus tôt.  En Afrique, les entreprises tournées vers la politique émergente de responsabilité RSE doivent fédérer les communautés et les parties prenantes à bien mesurer leur consommation, sensibiliser au gaspillage pour éviter un épuisement précoce de nos ressources naturelles communes. Un autre geste salutaire est le recyclage et garder la planète propre (tri des déchets et aucun déchet dans la nature).

Consommation éthique et responsable pour les entreprises

Le changement de modes de productions et de consommations doit être mené au niveau des entreprises et de leurs parties prenantes (fournisseurs, collectivités locales, producteurs et clients). C’est un changement au coeur du modèle économique de référence des organisations :

  • proscrire le gaspillage alimentaire (en gaspillant moitié moins d’aliments, on recule de 11 jours le jour du dépassement) et des ressources naturelles
  • prioriser l’économie locale (circuit court) et en produits éco responsables
  • interdire dans le processus de fabrication tous les produits chimiques
  • gérer  et trier les déchets (valorisation par le recyclage)
  • mobiliser les parties prenantes avec la campagne périodique des actions environnementales de l’entreprise.

Gestion éthique pour la contribution des entreprises

Les entreprises appliquant une stratégie éthique RSE doivent mettre en place des actions de maîtrise de la consommation des ressources renouvelables : eau et énergie.

Par exemple, le contrôle du chauffage (ou de la climatisation en été) dans les lieux de travail doit conduire à baisser la consommation énergétique et l’émission de gaz. En régulant de 1 degré cette consommation en faveur du développement durable, une entreprise contribue déjà à impacter cette bonne action sur l’environnement. Plus encore, elle réalise une économie de consommation d'énergie de 7% sur le décompte des ressources afin de reculer la date de l’épuisement. Sans oublier les conséquences à éviter par la condensation dans l’atmosphère des énergies polluantes et la chaleur thermique.

Pour réduire leur impact écologique, les entreprises et les organisations ont la possibilité d'adopter une politique adaptée au développement durable concernant les moyens de transport. En effet, bien choisir le mode de transport et la gestion de la flotte permettrait de soustraire du portefeuille jusqu’à 23% de l'empreinte carbone. Limiter le transport en avion, notamment des produits via l’achat sur Internet, est un autre bon geste qui va permettre à terme de reculer de 12 jours dans l’année cette journée du dépassement planétaire.

Quelles sont les normes en faveur du recul du jour du dépassement ?

Normes environnementales

Réduire son impact négatif environnemental engendrée par une activité économique devient une  priorité pour toute entreprise responsable. Le système de management environnemental de l’entreprise lui permet de maîtriser ses impacts sur l’environnement en engageant une politique d’amélioration environnementale dans la durée. Ce système de gestion SME est coordonné autour des normes ISO suivantes :

  • normes ISO 14001 qui certifie le système de management environnemental d’une organisation [ISO 96-1] et ISO 14004 [ISO 96-2] instaurant les lignes directrices pour l'utilisation et la mise en œuvre du SME
  • normes ISO 14010 [ISO 96-3], ISO 14011 [ISO 96-4] et ISO 14012 [ISO 96-5] définissant les procédures de l'audit environnemental

norme ISO 50001 visant à améliorer la performance énergétique d’une entreprise.

Normes RSE

Norme volontaire, l’ISO 26000 traite  de la Responsabilité Sociétale des Entreprises et établit les grandes lignes directrices de cette politique.

L’aide à l’application de la stratégie RSE peut se faire conjointement par la participation d’une entreprise au projet Business Social Compliance Initiative BSCI qui inclut le soin et la protection de l'environnement en particulier et de la planète en général. Ce système d’initiative de conformité sociale en entreprise s’articule autour du soutien aux entreprises par un code de conduite dans leurs efforts de mise en place d’une chaîne d’approvisionnement éthique entre entreprises et leurs producteurs.

Enfin, la certification SMETA 4 pillar garantit la conformité de l’évaluation de l'éthique et de la responsabilité sociale des entreprises. Cette procédure d'audit compile les bonnes pratiques RSE. 

Vous voulez prendre part au changement ? Faire un geste positif dans la balance de l’épuisement des ressources mondiales ? Faites-vous accompagner par le cabinet professionnel Extrend Consulting !

Nous avons la compétence et l'expérience pour la mise en place de normes environnementales et de normes RSE pour votre entreprise.